Ĝis mia rifuĝo eĥas nigraj voĉoj Padov’, Sien’, Triest’… Jen alvenas trajnoj Ju pli daŭras vojaĝ’, des pli foras ĉio Novembra Veneci’, ekfalontas pluvo Kuŝita senmove, vidas mi la nokton Renversiĝi lante en senfinan maron Momente forgesas mi kiu mi estas Endas iri manĝi, kore de la amas’ La larĝa fenestro iam malfermeblis Vesthoko, lama seĝ’, lavabo kaj tablo Sur kies surfacon oni iam ĉizis Freedom, No Compromise per tranĉila pinto De sur lia gvatej’ forflugis la Leon’ Antaŭ mia spegul’, mi ĝuas muzikon Summertime kaj Misty ellasas triopo Dancas aŭtuna par’ sola sur la placo Apud la Rialto, eleganta viro Kriegaĉas: Libero! Sono libero! Ekzil’ aŭ eksedziĝ’? Li ebrie festas Sola kiel hero’, sola li foriras Ĉiuj enlitiĝis. Disas promenantoj Ĉirkaŭ lumoj flirtas homaj papilioj En trinkejo horloĝ’ strangaĵon elmontras Horoj de mia viv’ kontraŭflue taktas Deziroj, skandaloj, karnavalfantomoj Virino aŭdigas ridegon kurante Mi tremetas kiam ŝi pasas proksime Nuda kaj kruela sub masko kaj plumoj Torcello, Murano, insula vagado, Strangas kaj belegas la lagunĉielo Por vi mi aĉetis maskon el Burano Mense vi metas ĝin, sur via frunt’ – luno! Nur ke vi vidu ĝin, la maran bulvardon La vastan grizaĵon en kiu perdi sin Nebuliĝas la mens’, agitante l’ ondon La sirenreĝino al si altiras nin Sub la pluvo mi serĉis vin Pere de telefonistin’ Tro da tristo, da distanco Vanis vortoj de konsolo Mi renkontis ulon, kune ni babilis Anglo amarvorta, li malŝatis l’ urbon, Five years is quite enough! maldolĉe li ĵetis Nesciante kiel eskapi l’ kaptilon Kio restos al mi? ĉar baldaŭ decembras Kelkaj momenteroj da fuĝa ĝojeto Ĉio en la valiz’ en la ĉambr’ atendas Freedom, No Compromise! defias la tablo Plia ŝtorma vesper’ por lasta turneo Kial feliĉas mi sur la vaporeto? Ĉion revidu mi. Pontojn kaj kanalojn L’Arsenal’, la Lagun’… stelpleniĝas la voj’ Veneci’ perfidas, l’ averto sensencis Evitu ŝablonojn, sed for mi estis jam En la grizan lumon mia rigard’ fuĝis El ekster la mondo, pacon al mia am’– | De ma chambre au cinquième j'entends des voix funestes C'est l'annonce des trains: Padoue, Sienne, Trieste Plus ce voyage dure plus je suis loin de tout À Venise en novembre pluie du soir tout à coup Sur le lit sans bouger je regarde la nuit Chavirer lentement comme un bateau qui coule Pendant quelques instants je ne sais plus qui je suis Il faut aller manger puis marcher dans la foule Ma fenêtre est très grande, ce lit un peu petit Patère, lavabo, placard gris, chaise instable Quel passant avant moi, qui a écrit ceci: Freedom no compromise! au couteau sur la table? Du haut de sa colonne le Lion est parti J'écoute le trio assis devant ma glace Ils jouent vêtus de noir Summertime et Misty Les couples de l'automne dansent sur la place Près du pont Rialto un homme bien vêtu Hurle à la nuit Libero! Sono libero! Exilé? Divorcé? il est ivre et têtu Libre et seul il s'en va comme vont les héros Ils dorment tous déjà. Les promeneurs se font rares Quelques lueurs là-bas, quelques papillons autour Quelque chose d'étrange à l'horloge du bar Comme s'écoule ma vie, elle dit l'heure à rebours Crimes, désirs, scandales, esprits de carnaval Cette femme qui rit et s'envole aussitôt Je la sens près de moi; elle franchit le canal Nue et cruelle sous le masque et le manteau Je saute d'île en île – Torcello, Murano Si étrange et si beau le ciel de la lagune J'ai acheté pour toi un masque à Burano Le mets sur ton visage, sur ton front, c'est la lune! J'aimerais que tu le voies ce boulevard sur la mer Cette étendue de gris on s'éteindrait dedans Ça nous voile la tête nous engourdit les nerfs Ça nous prend, ça nous tire, ça arrête le temps J'ai rejoint la téléphoniste La pluie me tombait sur le dos J'étais trop loin; tu étais trop triste Je n'ai pas su trouver les mots J'ai rencontré un type nous avons bavardé Il détestait l'endroit cet Englishman amer Five years is quite enough! disait-il emmerdé Mais pour quitter son piège il ne savait que faire Que me restera-t-il? car c'est bientôt décembre Quelques petits moments de joies insaisissables Tout est dans la valise dans la petite chambre Freedom! No compromise! me crie toujours la table Encore un soir d'orage et je fais le grand tour Dans ce vaporetto pourquoi suis-je joyeux? Je veux tout voir encore de Saint-Marc aux faubourgs L'Arsenal, la lagune… tout brille dans mes yeux Méfiez-vous de Venise! Ils m'ont bien averti Attention aux clichés! mais je n'écoutais plus J'ai le regard enfoui dans la lumière grise Seul hors du monde – À mon aimée tendre salut! |
Tradukis: Stéphane Brault
Originalmuziko
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